Tuesday, April 12, 2005

Liberté ou Esclavage



La dignité de l’être humain c’est la Liberté. Le contraire de Liberté c’est l’esclavage.

Je répète : La dignité de l’être humain, d’où qu’il vienne, quel que soit son âge, sa race, son état physique ou mental, c’est sa liberté. Liberté d’aller et venir, dans son village, dans son pays, dans son continent, dans le globe entier et au-delà s’il y arrive. Liberté de rencontrer les gens, de contempler toute œuvre de la nature et de l’humanité, d’y réfléchir, de la comprendre avec ses références à lui, de faire les rapprochements qui le rassurent ou le motivent, d’en parler, d’en changer au cours de son cheminement. Liberté, pour cela même, d’avoir accès à tous les systèmes de références dont il puisse entendre parler. Liberté de choisir le lieu de sa résidence, de décider de ce qui fait son confort, de ce qu’il aime manger, de ce qui fait, en général, son plaisir. Liberté de faire de ces choix des habitudes, si tel est son bon plaisir. Liberté d’en changer à l’occasion. Liberté aussi de refuser des habitudes qui lui sont imposées ou vendues comme des normes. Bref, liberté d’être toujours en mouvement, en cheminement, en transformation, en évolution. Liberté donc d’être chaque matin un nouvel être humain et de décider de continuer à tirer le cap choisi hier ou, au contraire, de négocier un solde de tout compte de ses engagements et de repartir vers un autre azimut. Liberté de prendre des risques, de ne pas en prendre, de participer ou non à la solidarité sociale pour autant qu’il n’en demande pas plus qu’il n’accepte de lui donner.
Liberté d’assurer sa survie et son plaisir par toute activité de son choix, quand il veut, où il veut, à son rythme et sans qu’il lui faille pour autant hypothéquer son avenir ni son devenir.
Et tout cela sans autre limite, on l’a souvent expliqué, que la liberté symétrique des autres.

Cette Liberté lui vient de sa nature humaine, du fait même de sa capacité cérébrale à se souvenir, à comparer donc, à projeter même ! Tous outils de pensée qui peuvent se combiner à l’infini avec ses perceptions de l’expérience et avec la base même de ses codes internes, qu’il partage avec tous les êtres vivants et qui le mènent, par essence à l’homéostasie et le pousse violemment à tous les aveuglements qui contribueront à reproduire, et donc pérenniser, son potentiel génétique.

On en est loin !
En fait, avec un peu de recul, on réalisera facilement que nous sommes au contraire en pleine dépendance, voire en esclavage…
Bien sûr, l’industrialisation des XIXe et XXe siècles est la plus grande révolution de l’Histoire. Pour la première fois il est devenu possible, grâce à la science et aux machines qu’elle a créées, d’apporter à l’ensemble de l’humanité des soins, des facilités, des plaisirs, des intérêts qu’aujourd’hui encore des centaines de millions d’individus ne peuvent même pas imaginer.
Mais cette période, limitée dans le temps, a surexploité nos arrières grands-parents, leurs parents et leurs enfants, pour permettre à l’industrie de naître et de se développer au point de produire le confort et les richesses disponibles aujourd’hui. Il fallait bien que des hommes s’épuisent à ces tâches pour lesquelles on ne pouvait imaginer, à l’époque, aucun robot : choisir une pièce de métal, la saisir, la disposer, tourner, serrer, suivant le plan donné par le contremaître.
Il faudrait élever, dans chaque pays concerné, des monuments à ces générations qui ont sacrifié leurs libertés pour que nous puissions aujourd’hui profiter de l’ère post-industrielle et, bientôt (?), en choisir, chacun, ce que nous en voulons garder. Heureusement ils n’ont pas sacrifié leur liberté pour rien. Ils l’ont vendue pour accéder, eux aussi, aux progrès de l’humanité en sortant du magma de la misère, de la survie au quotidien, de l’analphabétisme, de la soumission aveugle au clergé et à leurs maîtres. Ils ont accédé, progressivement, à une nourriture décente, à un logement minimal dans la dignité et l’hygiène, à l’école. Un pas énorme pour l’humanité que d’être arrivée à offrir à la plus grande majorité ce qui était réservé, dans les grandes civilisations du passé, à de rares élites. Bravo le cerveau humain ! Bravo l’industrie !

Mais peut-être faudrait-il ne pas s’arrêter en si bon chemin ?

Comment expliquer que les partis français dit "de gauche", qui se veulent proches des masses et défenseurs de l’opprimé continuent à défiler dans les rues pour exiger "du travail" , "des salaires" et plus de "sécurité sociale" ? Pour exiger donc de rester dans tout ce qui fait justement l’esclavage des masses populaires et bourgeoises : le travail en miettes, les tâches répétitives dans un milieu hiérarchique insensé, pour des salaires donnés d’une main et retirés de l’autre pour financer dieu sait quelle lubie virtuelle de l’Etat ou du commerce : un rêve de sécurité contraire à l’essence du vivant, une médecine ‘gratuite’ qui coûte à la communauté plus de quatre fois ce qu’elle coûterait si elle était payante, une croissance dont on ne sait plus à quoi elle sert, mais dont on sait pertinemment bien, aujourd’hui, qu’elle ne pourra pas continuer à jamais. Et j’en passe, mais nous y reviendrons.
Comment l’expliquer ? La force des habitudes ?

J’ai dit, plus haut "…liberté de faire de ses choix des habitudes, si tel est son bon plaisir. Liberté d’en changer à l’occasion. Liberté aussi de refuser des habitudes qui lui sont imposées ou vendues comme des normes... ".
Il est difficile de raisonner sur la nature humaine sans approfondir un peu ce concept d’habitudes et tenter de comprendre comment il nous subjugue et comment nous pouvons, pour une liberté accrue, en prendre contrôle.
De ce qui fait notre nature essentielle, j’ai cité l’activité du cortex et le code génétique qui nous pousse à l’homéostasie et à sa propre reproduction. Par homéostasie, il faut entendre, comme l’a bien expliqué le docteur Henri Laborit, la tendance de tout être vivant à maintenir le moins de variation possible dans ses équilibres internes et dans ses équilibres avec le milieu extérieur. "Pas de vagues, pas d’imprévu, pas de surprise" c’était déjà la recette de longévité de l’amibe lorsque le vivant est né et, le vouloir ou pas, nous en avons hérité, même si maintenant, avec notre petit cortex, l’expérience, la découverte et les questionnements sont devenus nos meilleures armes pour accéder à un statut qui dépasse celui du légume.
Ce que nous devrions comprendre, c’est que cette homéostasie est infiniment plus ancrée dans notre nature que l’activité réflexive qui ne nous fut cédée en apanage que beaucoup plus récemment. Et c’est probablement pourquoi la force des habitudes, qui concourt à maintenir notre homéostasie, est beaucoup plus puissante et inconsciente que nous n’aimerions l’admettre. Par contre, notre intelligence n’est pas désarmée face à ces habitudes, pour autant que nous acceptions de la faire fonctionner comme elle est sensée le faire : en complément de nos perceptions.
C’est Heidegger, il n’y a pas si longtemps, qui disait que, dans son évolution, l’homme n’a pas encore commencé à penser. Il est malheureux de voir comme l’intelligence est sous-utilisée, tout simplement parce que les intellectuels ont voulu (par paresse? ou par esprit de caste ?) en faire un exercice en chambre. Le cortex se superpose à notre animalité et n’est rien sans elle : le raisonnement en chambre est un exercice futile détaché de la réalité. En tant que tel il ne nous convainc pas nous-mêmes. Ce ne sont alors que des pensées faites de mots. Pour que notre pensée nous frappe et nous mette en face d’une découverte, d’un acquis qui va changer notre vie et donc la faire progresser, il faut nécessairement qu’elle s’appuie sur nos perceptions. Notre pensée est analyse, comparaison, détournement, projection et enfin, comme l’a bien décrit Gombrowicz, mise en forme de notre réalité en un ensemble qui nous soit acceptable (encore une forme d’homéostasie mais un peu plus évoluée…). Tout cela ne peut se faire que sur la base de données personnelles : les perceptions et les souvenirs tactiles et émotionnels de nos expériences les plus concrètes. C’était déjà le message des alchimistes : cherchez en réfléchissant sur l’œuvre, car ainsi vous resterez liés à la vie. Alors que les mots seuls peuvent si facilement s’envoler en théories désincarnées, en poèmes, en mensonges.
Lorsque notre réflexion s’exerce sur notre expérience, elle peut même, et assez facilement, se défaire du joug des habitudes.
Toute habitude nous semble d’abord sacralisée. C’est que l’enfreindre est très désagréable. Prenons un exemple bénin : il en est qui boivent leur café au lait et sucré, d’autres noir et sans sucre. Est-ce une catégorisation intangible, comme (on essaye de nous faire croire que c’est le cas pour) les races et les religions ? On le croit, de premier abord, d’autant plus que si nous faisons l’erreur d’oublier nos préférences ou de boire à la tasse du voisin, le dégoût est si fort qu’on en tremblerait. Ça c’est l’homéostasie atavique. Si on s’arrête là, on reste au stade de l’intelligence amibienne. Et nous acceptons alors cet entêtement amibien comme une caractéristique fondamentale de notre moi ! Mais si nous daignons faire, consciemment, l’expérience concrète de voir combien de jours il nous faut pour changer cette habitude et comment nos papilles s’y habituent et comment notre cortex peut être notre complice en nous présentant le changement comme un progrès, comme une source de gratification, nous serons les premiers surpris de la facilité que nous avons de passer de ‘lait-et-sucre’ à ‘noir-noir’. Le comble étant que le ‘lait-et-sucre’ devient alors la chose dégoûtante, preuve s’il le fallait que cette tendance au non-changement est réellement bien primitive !
On aura compris que l’exemple n’est pas si anodin que cela : remplacez le café par le tabac, l’alcool, la violence, la drogue, la dépendance, l’assistanat, la déprime, … et le schéma reste valable. Rien, en fait, n’est inscrit dans notre ‘moi’ que nous ne puissions modifier avec des outils simples de prise de conscience. Mais le poids du réflexe homéostatique primitif nous aveugle.

C’est donc probablement cette force des habitudes qui fait que nos défilés et les dits «représentants du peuple » continuent à réclamer ce qui fit, hier, plus d’équité pour la partie de la population qui avait sacrifié sa liberté à l’avènement de l’ère industrielle, mais qui aujourd’hui ne représente plus qu’une paralysie de la créativité, un retour impossible à un progrès depuis longtemps dépassé. Exactement comme si les banderoles disaient "Esclaves ! Nous voulons être esclaves !"

Au contraire, le moment n’est-il pas venu de mettre en œuvre, en France, en Europe, une nouvelle étape du progrès de la condition humaine ? De laisser à leurs jeux les cow-boys américains, de viser haut et loin, de vouloir que nos enfants fassent un saut qualitatif à côté duquel le progrès industriel fera sourire ?
Se donner 20 ans pour réinventer de fond en comble la société et le rôle de l’Etat, donner à l’école de nouveaux objectifs (la formation à la pensée consciente, justement, l’éducation à la gestion de la liberté individuelle, …). Faire plancher nos très brillants spécialistes des sciences humaines dans des groupes de travail pour une révolution paisible qui laisse la possibilité aux frileux d’être encadrés mais qui donne à tous la possibilité de vivre plus libres, plus responsables, plus vivants !

Non, les humains de cette nouvelle ère ne veulent pas d’un travail salarié du genre qui a prévalu au XXe siècle, avec des protections en tout sens qui coûtent beaucoup trop cher à eux et aux entrepreneurs qui les emploient. Ils veulent avoir le choix de l’occupation qui les intéresse et vivre un rapport direct entre leur rémunération et la valeur réelle de leur travail pour l’entreprise. Et pour cela ils veulent que chacun puisse créer son entreprise petite ou moyenne sans être du tout assujetti aux règles, contrôle et garde-fous qui furent créés pour protéger les ouvriers dans les mines, les hauts-fourneaux puis, par extension, les employés des entreprises d’état. Un simple contrat sur papier libre, précisant les termes convenus pour la définition du travail, la rémunération, l’existence ou l’absence d’avantages divers, y compris en ce qui concerne une éventuelle assurance médicale ou une cotisation à un fonds d’épargne à terme fixe ou variable. Éventuellement, un système plus protecteur serait conservé pour les entreprises dont le gigantisme augmente les risques d’abus de pouvoir. Mais là aussi il faudra distinguer entre ceux qui demandent une enveloppe globale parce qu’ils sont tentés par le protectionnisme paternaliste, style entreprises japonaises des années 1960-90, et ceux qui préféreront un contrat beaucoup plus simple et moins lourd à gérer parce qu’ils chercheront seulement un travail momentané pour se refaire rapidement une cagnotte à investir ailleurs, dans un projet personnel.
Régression sociale ? Pas du tout : c’est, grosso modo et sans le gaspillage des prélèvements qui reviennent à l’Etat, le lot des petits indépendants, des coopérants au tiers-monde, des consultants free-lances sur le marché international, des jobs d’étudiants, des artistes et des artisans dans la plupart des pays, et de la grande majorité des salariés aux Etats-Unis d’Amérique. Je sais que la France a fait de ses artistes des chômeurs temporaires mais, dieu merci, cette incroyable indignité n’est qu’une exception dans le monde. Et d’ailleurs ceux qui aiment ça pourraient continuer. Tout serait toujours ‘à la carte’, diversité oblige ! Le but du changement est seulement d’empêcher que l’obligation d’assistanat ne coûte si cher que, comme aujourd’hui, chacun soit en fait maintenu dans une position indigne où il serait insensé de vouloir entreprendre, essayer, tenter, risquer, vivre !Comment justifier d’aller découvrir chaque soir les petits bistrots à tapas d’Andalousie, et de s’y frotter aux andalou(se)s, quand on a été forcé de prépayer une pension complète dans un home belge à la cuisine de collectivité, à partager avec d’autres belges que nous voyons déjà toute l’année, et que l’enveloppe globale ne nous laisse, sur notre budget disponible, presque pas d’argent de poche ?
N’oublions pas que c’est le marché noir, ou gris foncé, qui a fait la modernité économique de l’Italie à partir 1945.

Non, les nouveaux humains sortant des nouvelles écoles ne voudront pas, pour la plupart d’entre eux, de formation permanente qui leur permette d’être plus rentables, donc plus payés ; cela ils l’apprendront sur le tas, s’ils ont bien choisi leur entreprise. Sinon, ils en changeront. Mais ils attendront de l’Etat de pouvoir, dès leur premier âge et tout au long de leur vie, apprendre à gérer, de mieux en mieux, leurs émotions, leurs perceptions, leurs instincts, pour en faire des outils de leur liberté. Ils voudront, que dis-je, ils veulent, dès maintenant, que les acquis de nos grands maîtres d’Université en neurosciences, en Histoire des religions, en psychologies freudienne et jungienne, que les pièges de la sémiologie, les mensonges du marketing, de l’économie financière et de la politique des arrivistes leur soient enseignés, à eux et à leurs enfants, afin d’en faire des ‘honnêtes hommes’ du XXIe siècle au même titre que le calcul, l’écriture, l’analyse grammaticale et l’histoire de la patrie ont fait, en son temps, des citoyens dans l’école de Jules Ferry.

Non, ces humains d’aujourd’hui ne veulent pas plus d’argent à dépenser dans des grandes surfaces où les rayons débordent de produits, dont le coût principal est de convaincre les clients de les acheter, et d’aliments qui n’ont ni le goût ni les qualités nutritives de ce à quoi ils ressemblent si bien, mais mènent si discrètement les consommateurs à l’obésité et au diabète. Ils désirent plutôt que chacun soit libre d’ouvrir, aux heures et à l’endroit de son choix, des petits commerces de détails de proximité, sur la base de règlements extrêmement simplifiés qui permettent un travail simple et un profit modeste qui dépannent de façon temporaire des gens de tous âges qui font une pause dans leurs aventures professionnelles. Un simple dimensionnement du chiffre d’affaires autorisé dans cette catégorie du commerce ‘presque sans papiers et sans obligation’ devrait pouvoir contenir la possibilité d’abus. Et de toute façon, on aura le temps de l’étudier car il faudra longtemps pour que de tels abus atteignent la dimension scandaleuse des abus du système en place dont seule la fameuse habitude nous empêche de voir l’ignominie.

Non, désolé, ils ne veulent pas non plus de l’obligation de souscrire à vos soins ‘gratuits’ ni à vos retraites obligatoires.
Ceux qui ont travaillé à l’étranger, dans des positions ‘free-lance’ savent que c’est un marché de dupes. Ils vous montreront, chiffres à l’appui, que sur le long terme ils ont été soignés chaque fois que c’était nécessaire, y compris pour des ‘longues maladies’ et des interventions chirurgicales lourdes, sans intervention d’une caisse d’assurance maladie. Que la note soit payée par les employeurs, sous simple convention privée, ou par les patients eux-mêmes, comme indépendants, leur comptabilité montre que les sommes déboursées sont bien inférieures à ce que leur aurait coûté une assurance-santé auprès d’une caisse "outre-mer". Où est le gaspillage ?
Nos humains de demain demanderont donc, dans leur petit défilé à eux, qu’on autorise à tout médecin diplômé de former des équipes et de créer des cliniques privées, basées sur la concurrence directe des prix et des réputations de qualité de soins, la qualité médicale minimale étant simplement assurée par le contrôle étatique des diplômes et l’éthique professionnelle par l’ordre des médecins. Pour le reste, tout comme en Thaïlande et au Moyen-Orient, ces cliniques fonctionneraient avec les mêmes liberté et simplicité que les épiceries de proximité évoquées plus haut. Et d’ailleurs, ils vendront des médicaments (génériques et autres,), bien sûr : tout à la carte! Évidemment , cela fera pleurer certains pharmaciens mais, le débrayage partiel des pièges de l’homéostasie, c’est pour tout le monde !

Et, lorsqu’ils auront commencé à suivre les ateliers des groupes de réflexion de la réforme, très vite les nouveaux humains auront une exigence encore plus tranchée : que la loi sépare clairement l’économie productrice de l’économie financière. L’économie productrice est, comme son nom l’indique, celle qui crée des richesses (à nihilo comme dans l’agriculture, ou en valeur ajoutée) à partir des énergies renouvelables gratuites. L’économie financière est l’ensemble des procédés qui produisent de l’argent à partir d’argent. L’économie productrice, qui est la seule à générer de vraies richesses, sera totalement libre d’impôt, puisqu’elle a déjà enrichi la communauté. Par contre, l’économie financière est très artificielle et son imprévisibilité cause de grands malheurs, comme le casino auquel elle s’apparente. On devrait donc la taxer lourdement, pour financer les filets de rattrapage que l’Etat maintiendrait pour ceux qui auront tout raté ! À l’école aussi on reviendra sur cette opposition productrice-financière afin de bien expliquer que c’était notre tradition européenne de n’encourager que les économies ‘productrices’ et ‘à risque’ jusqu’à ce que nos papes se laissèrent séduire par le fric facile des Law et autres banquiers. Avant cela l’usure était aussi condamnable en chrétienté qu’elle ne l’est aujourd’hui en terre d’islam. Et les entrepreneurs ne cherchaient pas désespérément des investisseurs, aujourd’hui facilement leurrés par l’argent qui fait des petits sans risque mais au prix de quelles acrobaties sur les chiffres, les taux, les changes et les frais !

Quelle dignité peut survivre chez un être humain chosifié plusieurs fois par an par des formulaires inquisiteurs, déresponsabilisé par des assistances infantilisantes, escroqués par des services d’Etat , médecine, transports, ‘gratuits’ ou ‘à coûts sociaux’ dont le coût communautaire, compensé par des retenues de toutes sortes sur salaire et par des impôts à tiroirs, est plusieurs fois supérieur à son coût réel ? La grosse machine étatique a fait de nous tous ses esclaves. Et apparemment, ceux qui sont restés en France, aveuglés par leurs habitudes (là-bas, ils appellent cela des ‘avantages acquis’ !!), ils en redemandent !
Orwell avait bien vu. Big Brother n’est pas un risque de notre société, c’était bien en 1984. Nous sommes au-delà et il nous faut réagir.

Nous devons exiger la dignité humaine de la liberté. Même si une partie de la population a tant perdu son élan vital qu’elle n’est pas encore en mesure d’assumer sa liberté, alors gardons ce système de jardin d’assistés pour ceux qui choisissent la captivité mais redonnons, par pitié, à ceux qui veulent vivre, un espace de liberté et de risque qui les autoriseront à assumer ce que leur nature leur a donné : la possibilité de tout dépasser, de tout vaincre, par leur réflexion et leur passion.

C’est un peu cela l’humanisme dont je rêve pour les deux siècles à venir. Ce pourrait être le premier jet d’un projet politique de nos guides de droite ou de gauche, s’ils voyageaient un peu, s’ils étaient moins préoccupés de l’homéostasie de leurs avantages en nature et de leurs privilèges. Ce devrait être cela l’aspiration des jeunes masses populaires si on n’en avait pas fait des zombies de consommation en les abreuvant dès l’enfance d’un cocktail d’assistance infantilisante et d’enseignement au rabais.

Égalité, Liberté et Solidarité.

L’égalité est un présupposé républicain et démocratique, elle vient donc en premier, simple rappel, pour mémoire et vérification éventuelle. Égalité des chances bien sûr, le droit de choisir dans toute la liste des possibilités et de s’engager ‘à la carte’, quel que soit son bagage et ses préférences du moment.

La Liberté est le centre même de la dignité humaine, peut-être réalisable pour la première fois de l’Histoire, dans les sociétés postindustrielles. C’est, ici, notre idéal premier. Nous avons suffisamment insisté ?

La Solidarité contractuelle, pour que l’individualisme libertaire n’écrase pas les plus faibles et pour que les accidents ne soient pas catastrophiques. Non pas Fraternité, on sait aujourd’hui ce que c’est la fraternité : une idée creuse. Dans l’expérience de choses réelles, on ne trouve pas plus en compétition ou plus étrangers et plus en porte-à-faux communicationnel que deux frères. Quant aux fraternités d’élection… beuveries, ressassements, … passons !
Non, une simple solidarité contractuelle suffirait. Pour concilier l’individualisme croissant de cet humain libre et sa nature sociale.
Un nouveau contrat social, signé en toute conscience, fait de devoirs et de droits, sur mesure pour chacun. Au diable l’universalisme diabolique. Les humains ne sont pas identiques. Si je ne demande rien d’autre que le droit de traîner mes pas et lécher vos vitrines deux jours par an, allez-vous me faire payer le même ticket que ceux qui veulent aller sur tous les carrousels ?

Égalité, Liberté et Solidarité. Qui ramasse ?